Le cabin-cruiser Alice

Le cabin-cruiser Alice

12 août 2021 0 Par Claudine Busca

Le cabin-cruiser Alice est un bel exemplaire de la construction française des années 20.

Un cabin-cruiser Guédon / Bonnin

Joseph Guédon en a réalisé les plans. Cette vedette d’aspect très marin avait de formes élégantes. Remarquons son arrière en ogive, tel que, presque 40 ans plus tard, le chantier Raba le reproduira sur ses bateaux bacs.

C’est le chantier naval Bonnin qui l’a construite sous la surveillance étroite de Joseph Guédon.

Le cabin-cruiser Alice
Le cabin-cruiser Alice

Les caractéristiques d’Alice

Ses caractéristiques étaient les suivantes: Longueur totale 12 mètres Largeur 2,90 mètres Creux 0,85 mètre Tirant d’eau 0,77 mètre Poids 3.400 kg

Le chantier naval Bonnin qui à construit Alice
Le chantier naval Bonnin qui à construit Alice

Les pièces majeures étaient en chêne. Le double bordé était en acajou. Les élongis de moteur, en sapin blanc, occupaient toute la longueur de la coque. Les accastillages en teck de Java apportaient la touche finale.

Les aménagements étaient ceux d’un “day boat”. Ils consistaient en un poste avec tous les accessoires disposés sous la longue teugue avant. Le cockpit faisait suite, avec un réservoir d’essence à tribord et une roue à gouverner à bâbord. La cabine avec des grandes fenêtres était vaste. Elle abritait un couloir avec une armoire à bâbord et des toilettes à tribord. Des sofas avec des dossiers en velours étaient posés sur des caissons de rangement, accompagnés d’armoires et de buffets. A l’arrière, le cockpit contenait des bancs circulaires avec coussins, pouvant accueillir 6 personnes.

Joseph Guédon architecte naval a dessiné les plans du cabin-cruiser Alice
Joseph Guédon architecte naval a dessiné les plans du cabin-cruiser Alice

Toute l’ébénisterie était également en teck, les pièces diverses d’armement en bronze nickelé comme toute la serrurerie.

Le cabin-cruiser dans toute sa splendeur

Le moteur, placé sous le capot avant, était un 4 cylindres, et commandé par culbuteurs. Le renversement de la marche se faisait par différentiel à satellites , double pompe à piston, palier de butée à billes, arbre, presse, étoupe, crosse, hélice en bronze.

Le timonier placé à l’avant dans le cokpit moteur à bâbord, disposait la roue à gouverner, d’un levier d’embrayage et renversement de marche, ainsi que de toutes les commandes du moteur afin de naviguer simplement.

La vitesse réalisée était appréciable. Cependant, l’objet de telles unités n’était pas la vitesse, mais associait le confort et le luxe idéals pour une journée de plaisance.

L’idée du cabin-cruiser

Le cabin-cruiser est né aux États Unis dès 1869 sur une idée de Henry William Schneider. Il souhaitait un bateau de transport, pour se rendre à son travail quotidiennement des rives de l’Hudson à Wall Street…

Plus tard, l’idée s’est développée, affinée et à donné naissance à un nouveau mode de navigation. Une nouvelle idée de la plaisance voyait le jour, loin des régates à la voile des yachts célèbres, et des grandes croisières classiques traditionnelles. Une mode est née pour une nouvelle embarcation destinée à la journée. Recevoir ses amis ou sa famille à bord le temps de quelques heures, le tout dans le confort et le luxe. La notion de vitesse était exclue, juste le plaisir de savourer dans la douceur un déjeuner sur l”eau.

Petit à petit ces navires ont évolués, ils se sont agrandis. Certains étaient de véritables maisons flottantes et devinrent très populaires pour la croisière fluviale, côtière, ainsi que sur les lacs.

Rapidement l’Europe sera conquise. Le mot “cruiser” deviendra le terme officiel de l’époque. Une nouvelle catégorie de bateaux venait de naitre. Un nouveau plaisancier aussi.

Puis, des courses croisières furent organisées dès 1903. Une des plus célèbre reliait Paris à la mer, sur 370 km. L’Amérique aussi, dès 1905, organisa sa première course croisière sur 450 km reliant New York à Marblehead.

Cette plaisance douce, sans les soucis du vent, pour recevoir des amis devint alors un nouvel art de vivre…..

Alice, le cabin-cruiser du Bassin d’Arcachon sur le Rio de la Plata

Le yachting en Argentine commença dès la deuxième moitié du 19° siècle. Le premier Club de yachting à Buenos Aires fut le Yacht Club Argentino fondé le 2 juillet 1883. On le nommait en général le Yacht Club Nacional.

Les Argentin succombèrent aussi aux charmes des ces cabin-cruisers.

Aux Etats-Unis, en Angleterre, en Norvège, en Argentine aussi, des chantiers naval fabriquaient des cabin-cruisers. Mais, c’est le savoir-faire français qui l’emporta. Joseph Guédon jouissant à l’époque d’une réputation internationale et le chantier Bonnin aussi.

Registre des yachts du Yacht Club Argentino de Buenos Aires, photographie Carlos Solari
Registre des yachts du Yacht Club Argentino de Buenos Aires, photographie Carlos Solari

Ainsi, Alice a été commandé par Monsieur F. Gunther de Buenos Aires. Le navire était enregistrée dans les registres du Yacht Club Argentino jusqu’en 1926. La trace du cabin-cruiser à été trouvé à la bibliothèque du Yacht Club Argentino de Buenos Aires, grâce aux registres précieusement sauvegardés. Après nous avons pour le moment perdu sa trace…

La bibliothèque du Yacht Club Argentino de Buenos Aires, photographie Carlos Solari
La bibliothèque du Yacht Club Argentino de Buenos Aires, photographie Tomas Waller

Je remercie vivement mon ami Carlos Solari, de San Carlos de Bariloche en Argentine! Sans son intervention et son aide précieuse, il m’était impossible de trouver ces documents.

https://bassin-arcachon-patrimoine-naval-plaisance.fr/2021/04/26/lepreuve-baleiniere-auguste-bert-bassin-arcachon-andernos-douvres/

https://www.facebook.com/archi.nave.nahuelhuapi

https://www.facebook.com/groups/688684661289456

Sources: Le Yacht, Yacht Club Argentine, Carlos Solari