Despujols future étoile du motonautisme
L’histoire de Victor Despujols, future étoile du motonautisme, débute en 1905. Les incroyables succès de la course Paris à la Mer et du premier grand Meeting de Monaco, représentaient pour lui une fabuleuse rafale, qui le décida à changer de cap, pour embrasser une carrière dans le motonautisme. Alors, avec le soutien de deux personnes importantes, Marcel Grenié, des Chantiers Navals de la Gironde et Monsieur Mendelsohn, constructeur automobile à Levallois, et il débuta dans la construction navale.
Marcel Grenié, lui ouvre les portes du motonautisme
Marcel Grenié, était l’héritier des Chantiers Navals de la Garonne crées par son grand-père, en 1836 à Bordeaux. Ensuite, son père, Jean Grenié, dirigea les chantiers jusqu’en 1901 et construisit de nombreux navires à vapeur. Enfin, c’est Gaston Grenié qui reprit la direction de l’entreprise, la développa et la modernisa. Ainsi, il fut un des grands acteurs bordelais de l’industrie navale du début du XX° siècle. Homme d’affaire avisé et visionnaire, il opta pour une stratégie d’innovation pour renforcer sa notoriété. Alors, il plaça ses espoirs dans la future étoile du motonautisme, Victor Despujols.
C’est pourquoi, fin 1904, ils s’associèrent pour construire un canot de 6,50 m qu’ils baptisèrent Lanturlu. Dessiné par Victor Despujols, « Lanturlu » avait une coque très originale et élégante qui le faisait ressembler à un petit torpilleur. Ils l’équipèrent en janvier 1905, du nouveau moteur 15 cv, quatre-cylindres imaginé par Jean-Albert de Dion.
Ensuite, en 1905 au Meeting de Monaco, « Lanturlu », piloté par Victor Despujols, fut classé dans « l’épreuve de Consolation » en catégorie cruisers. Dans la course Monaco-Nice, les cruisers furent pris sous une violente tempête. Cependant, Lanturlu devançait les autres de 5′. Au retour, Victor Despujols, voyant que le houseboat, devant lequel devait avoir lieu l’arrivée, venait d’être mis à l’abri dans la rade, imagina que la course était terminée et rentra en omettant de faire le tour du polygone final. Sans cela, il eût été classé premier.
A la suite du meeting, Marcel Grenié lança la fabrication d’un second exemplaire pour lui-même, qu’il baptisa Pitchounet. Notons qu’il construisit aussi plus tard, des chasseurs de bélugas, des Loups, et des pinasses et bien d’autres bateaux.
Monsieur Mendelsohn, seconde rencontre
Simultanément, Monsieur E. Mendelsohn de Mendelsohn & Cie et Georges Pierron, tous deux fabriquant d’automobiles à Levallois, succombèrent aussi à la fièvre du motonautisme.
Ils choisirent Victor Despujols, le jeune prodige dont tout le monde parlait, pour dessiner un canot et Marcel Grenié le construisit dans ses Chantiers de la Garonne. Le chantier livra le canot début 1905.
Ce canot, de conception ultra légère, (bordé à 5 m/m), était extraordinairement rapide pour se petite coque de 6 m50. Mentionnons que, Victor Despujols parvint à le piloter à une vitesse moyenne de 25 km/h sur un parcours de 50 km, lors de la course Paris à la Mer où il le présenta pour la première fois. Il faut dire, qu’à cette époque, même les bateaux de 12 ou 18 m, atteignaient très rarement cette vitesse. La maison Mendelsohn l’équipa d’un moteur Mutel.
Victor Despujols, l’envol
En juillet, il participa aux régates de Cowes et de Southampton. Seul représentant français, le canot Mendelsohn, gagna le handicap à Southampton devant 15 bateaux anglais. Ensuite, le lendemain à Cowes, il fut deux fois second. A l’issue de ces courses, les deux propriétaires du canot furent évidemment enchantés.
En suivant, le canot Mendelsohn participa en août, au Meeting de Lucerne en Suisse. Il y fut le grand vainqueur devant les canots Delahaye V, Nautilus et Lanturlu. Les étapes suivantes furent Evian et le lac de garde où il arriva 5°, et enfin en octobre, pour La Coupe de l’Auto à Maison Laffitte où il arriva premier dans la première série des « cruisers réglementaires ».
Ajoutons pour l’anecdote, qu’en décembre 1905, lors du 8° Salon de l’Automobile du Cycle et des Sports de Paris, Victor Despujols et Monsieur Mendelssohn, exposaient leur canot Mendelsohn dans les Serres du Grand Palais. C’était l’endroit dédié aux expositions de bateaux. Victor Despujols oublia d’inscrire son canot, sans doute débordé de travail et encore novice dans ce monde du motonautisme. Le canot fut donc malheureusement exposé dans une partie retirée de la scène, près des baies vitrées. Cela ne l’empêcha pas de conclure de nombreuses commandes.
Début des commercialisations
C’est à partir de ce prototype destiné à la course, qu’immédiatement après le Salon, trois canots de plaisance furent lancés à la fabrication et commercialisés en suivant. Leurs finitions étaient irréprochables, ils étaient très stables sur l’eau. Ils contenaient 4 larges fauteuils, alignés dans le sens de la longueur, pouvant accueillir 8 personnes. Ce modèle était idéal pour le petit cruising. Après quoi, dès le mois de février 1906, la société Mendelssohn & Cie en fournira un exemplaire à son représentant en Algérie.
Victor Despujols crée son propre chantier naval
Pour terminer cette année, fort de ces deux réalisations, Victor Despujols, future étoile du motonautisme, se décida, fin 1905, à ouvrir son propre chantier naval. La presse spécialisée dans le motonautisme, le plébiscita. Il séduisait les clients par son style audacieux et la qualité des ses premières réalisations, et alors, se lance dans l’aventure.
A suivre…
https://bassin-arcachon-patrimoine-naval-plaisance.fr/victor-despujols/
https://gallica.bnf.fr/accueil/fr/content/accueil-fr?mode=desktop
Bel article pour une belle histoire, chère Claudine ! Hâte de connaître la suite de cette aventure !
Merci beaucoup Michel!