Le yacht Trident
Le yacht Trident appartenait à Monsieur d’Allens. Ce courtier de commerce de La Rochelle, était propriétaire de plusieurs yachts. Il s’illustra lors d’une tempête, sur un premier yacht du même nom, en 1885.
Gaston d’Allens, marin courageux et expérimenté
Le 17 mai 1885, la petite filandière Henriette, montée par 3 armateurs et un marin, quittait La Rochelle pour se rendre à l’inauguration du nouveau pont suspendu de Tonnay-Charente.
A 400 mètres, le yacht Trident de Monsieur d’Allans les suivait. Au départ de La Rochelle, une légère brise de Nord présageait un temps incertain, mais la mer était belle. Arrivé à l’embouchure de la Charente, avec un fort courant de jusant, un violant grain de Nord-Ouest souffla subitement vers 10 heures du matin. Les yachts naviguaient sans ris. L’Henriette, surprise par cette rafale, commença par s’incliner puis, ne pouvant se relever, rempli par l’arrière et fini par couler en ne gardant que la tête de son mât hors de l’eau. Trois des marins persuadés de pouvoir nager abandonnèrent le navire et le dernier se cramponna au mât.
Le Trident (1) au moment du sinistre et malgré l’intensité du vent, vint leur porter secours. Malheureusement, n’ayant pas assez de fond, la quille commençait à toucher, ils durent mouiller pour ne pas être entrainer à la côte et, mirent leur youyou à la mer. Grace à cette petite embarcation, deux des nageurs furent sauvés, le troisième avait disparu. Ensuite ils recueillirent celui qui était resté cramponné au mât.
L’ensemble de la presse loua le courage de Gaston d’Allens.
Le nouveau Trident
En 1891, Monsieur d’Allens commanda un bateau beaucoup plus imposant au chantier naval Bonnin et Damon de Lormont qu’il baptisa également Trident.
A l’origine il souhaitait un bateau de type bateau pilote. Ces bateaux servaient à guider et aider les navires marchands qui arrivaient dans les ports. Leurs grandes qualités nautiques leurs permettaient par tous les temps de sortir avec rapidité et efficacité. Sans doute, son expérience de sauvetage lui induisit ce choix. Mais il souhaitait aussi, un bateau pouvant être utilisé en croisière et en régates.
Il choisit Joseph Guédon pour en réaliser les plans.
Notre jeune architecte naval, dont le succès grandissait de jour en jour, réussit un tour de force en dessinant un bateau aux multiples qualités et encore plus fiable et rapide que les bateaux pilotes. Ainsi, Monsieur d’Allens pourrait naviguer en croisière avec sa famille sans l’obligation d’hommes d’équipage.
Joseph Guédon choisit de le gréer en yawl afin de faciliter ses manoeuvres avec un équipage réduit
Trident un yawl ultra-confort
Joseph Gédon créa un bateau de croisière extrêmement confortable avec une hauteur sous barrots de 1,85 m.
Son intérieur était soigné et confortable. A l’avant, on trouvait le poste de pilotage, une cuisine et un office. Ensuite, Le grand salon présentait deux chambres spacieuses. La cuisine était à coté du poste de pilotage et de l’office. Au milieu, le grand salon proposait un accès direct à une première chambre et en suivant, permettait l’accès aux toilettes ainsi qu’a une petite chambre destinée au rangement .
A l’arrière se trouvait la grande chambre du propriétaire et enfin la soute pour ranger les voiles. L’ensemble des aménagements étaient fonctionnels et confortables.
Sa construction se termina en janvier 1892 et il fut mis à l’eau dimanche 14 février suivant. Son gréement et sa mâture furent in stalles en suivant.
Les caractéristiques de Trident
Longueur hors-tout …………………….18,30 m Longueur floraison …………………….15,30 m Largeur………………………………………4,80 m Tirant d’eau ………………………………2,60 m Déplacement………………………………38 tx Lest……………………………………………17 tonnes
Majoritairement construit en bois de chêne, Trident possédait un lest de 17 tonnes de fonte dont 6 seulement dans la quille. Cependant, malgré sa lourdeur relative, il était rapide dans les moindres brises. La surface de voilure était de 186 mètres carrés.
Dès le mois de juillet 1892, Trident participait aux grandes régates de la Société Nautique Marseille. Il arriva second dans la catégorie “Voiles latines”.Il participa également aux Régates de Royan ainsi qu’aux régates Rochelaises. Son entreprise présentant des problèmes sérieux, sans doute a-t-il été motivé pour s’en séparer avant d’être déclaré en faillite.
Trident devient arcahonnais
Alors, en mai 1893, Trident fut vendu au docteur Farges, professeur à l’Ecole de Médecine d’Angers.
En villégiature à d’Arcachon, il était domicilié à la villa Speranza, rue Nelly Deganne. Trident changea ainsi de port d’attache.
Fellow, ex Trident
Ensuite, en août 1896, le bateau fut à nouveau vendu et parti sur Calais. C’est Edouard Leurent, membre de l’Union des Yachts Français qui l’acheta. Sitôt acheté, il fit une croisière une croisière de trois semaines dans le golfe de Gascogne et rentra à Calais . Trident y fut rebaptisé Fellow.
Edouard Leurent, passionné par les croisières en mer, de retour à Calais fit agrémenter les aménagements intérieur du yacht.
Il place son yacht sous le commandement du capitaine Hersy, excellent marin. Ayant longuement navigué sur les côtes anglaises où il acquit ses qualités de manoeuvrier, il conduisait Fellow avec une véritable maestria. Il conduisit Fellow aux régates de Cowes où il fit une entrée remarquée.
En septembre 1903, un terrible ouragan sévit en Mer du Nord. Proche de Cherbourg, au large de la Pointe des Aiguilles, Fellow est pris dans la tempête. Sur un coup de vent violent, trois des hommes tombèrent en mer. Le mousse et un enfant étaient descendus dans la cale, blottis dans une cabine et tremblant de peur dès le début de la tempête. N’entendant plus de bruit sur le pont, ils grimpèrent à l’échelle. Le pont était désert et la tempête faisait rage. Alors ils allumèrent des torches pour signaler leur péril. Un transatlantique passa mais ne voulu pas s’arrêter pour leur porter secours. Les deux jeunes naufragés se cramponnèrent au bastingages qui n’émergeaient plus que de quelques centimètres quand le paquebot Ella, qui faisait le service entre Cherbourg et Southampton vint enfin les délivrer. Leur attente avait duré 16 heures.
Le patron d’Ella recueilli les deux enfants et leur prodige les soins puis les débarqua à Cherbourg. l’administration de la marine se chargea de les faire rapatrier.
Fellow fut ainsi abandonné.
https://bassin-arcachon-patrimoine-naval-plaisance.fr/2020/12/27/le-nom-des-tempetes/
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328939510/date1908.liste