La pinasse de Joseph Guédon
La pinasse de Joseph Guédon est apparue en 1928.
Depuis 1903 la motorisation des pinasses fut imaginée par Auguste Bert et Albert Couach. La première, nommée Libellule et suivie de quelques semaines par Oxy, étaient destinées aux loisirs ( pêche, chasse, et courses). Rapidement, les professionnels, ostréiculteurs et pêcheurs, ont adopté cette motorisation qui allait bouleverser leur manière de travailler.
Mais depuis 1881, lorsque le journal Le Yacht leur consacra une série d’articles élogieux,les pinasses devinrent également bateaux de plaisance. Les touristes arcahonnais, appréciaient ses capacités d’échouage, son coût modeste, sa solidité. Mais leur manque de stabilité et l’impossibilité de naviguer seul induisirent à Joseph Guédon une idée « fort originale ».
Souvenons-nous de la belle pinasse « Astrobalbe » de Gabriel d’Anunzio qui décorait le jardin de la villa Saint Dominique au Mouleau ou il résidait. Il souhaitait « connaitre les sensations profondes des premiers hommes qui se lancèrent sur la mer infinie, ramant vers l’inconnue.. » Et, en guise d’inconnue, il découvrit un inconnu: le mal de mer! Sitôt rentré, il fit creuser un trou dans le sable et y déposa la pinasse qui devint un objet de décoration.
Joseph Guédon, architecte de renom et installé Boulevard Chanzy, décida en 1928 de remédier aux “inconvénients rédhibitoires et pires dangers” des pinasses dans une idée de plaisance pure. Il . Indépendamment de sa facilité d’échouage, de sa solidité, de la simplicité de ses réparations et son faible coût, il souhaitait remédier à son manque de stabilité pour les passagers. Son plan de pinasse étant destiné essentiellement à la plaisance (cruising) allait permettre également de se passer du marin à bord.
Une pinasse de plaisance
Ainsi, il imagina comment remédier à la grande instabilité des pinasses afin d’en améliorer le confort. Déjà, dès la fin du 19° siècle, les riches “étrangers” en villégiature à Arcachon, aimaient se promener en pinasse sur le bassin.
Je n’ose imaginer le nombre de fois où les élégantes ont du se retrouver dans l’eau vivifiante et salvatrice sous l’oeil de François Legallais qui devait y voir une concurrence déloyale..
L’idée de Joseph Guédon
Joseph Guédon en modifiant et améliorant les plans habituels souhaitait augmenter encore davantage cette “mode” de la pinasse sur le Bassin d’Arcachon. De plus, son plan de pinasse étant destiné essentiellement à la plaisance (cruising) allait permettre également de se passer du marin à bord.
Alors, il ajouta une maîtresse section nouvelle formée de cinq plans et même davantage.
Ainsi, l’élargissement considérable, tant au-dessus de la ligne de flottaison qu’en dessous, augmentait le volume de la carène et donnait une réserve de gîte plus importante.
Les angles formés par une pièce de bois sur toute la longueur du bateau accroissaient également sa solidité.
Aussi, Joseph Guédon eut l’idée d’adapter à ce type de bateau une maîtresse section nouvelle formée de cinq plans et même davantage.
Bien sur, il prit soin de déposer les dessins et figures accompagnés de légendes très documentées et sa revendication du titre de propriété du titre “Pinasse d’Arcachon nouveau modèle” au Tribunal de Commerce de Bordeaux.
Néanmoins, les plans étaient cependant à la disposition des personnes intéressées.
A voile et à moteur
Cette idée de pinasse résolument tournée vers la plaisance se développa en deux versions.
Une version voile pure, grée en bermudien, donnait la possibilité d’être enfin manoeuvrée que par une seule personne. Sa voilure était d’environ 16 m2 et sans bôme.
La deuxième version d’un motorisée pouvait être également équipée d’un ou deux roofs. Dans les deux cas, il y avait une petite dérive galvanisée et elles possédaient une paire d’avirons et une gaffe en matériel de sécurité.
Les dimensions étaient les suivantes: Longueur totale…. 7,50 mètres Largeur maximum….1,75 mètre Tirant d’eau….0,35 mètre Notons que la longueur totale était arrêtée à 7,50 mètres afin de permettre son transport sur voie ferré.
Un moteur de 2 cylindres de 5/7 CV permettait d’atteindre la vitesse de 14 km heure.
Le premier exemplaire
C’est pour le docteur Duplanté d’Arcachon que le premier modèle fut construit en version “pinasse automobile”. Ainsi, cette première embarcation allait permettre d’établir un type standard devant réaliser, pour sa taille, toute la tenue et le confort désirables avec un prix modéré 400 francs.
Un petit roof de 1,40 mètre, pouvant abriter quatre personnes. Le moteur prévu faisait 5 à 8 cv permettant d’assurer une vitesse de 6 noeuds.
Notons qu’il fit installer sur cette petite embarcation, un mât léger facilement amovible et avec une voilure unique de type cat boat.
La pinasse Nadia
Afin de prouver les qualités nautiques de son nouveau modèle de pinasse, Joseph Guédon se lança le défi de rejoindre Libourne depuis Bordeaux à bord de Nadia qu’il venait de faire construire pour son usage personnel.
Ainsi seul à bord il parcouru près de 200 kilomètres à la voile et au moteur. Il réalisa la dernière partie du trajet, entre Libourne et Rigalet par gros temps et le bateau s’est parfaitement comporté.
Le paradoxe de l’oeuf et de la poule…
Difficile à cette époque de créativité de savoir réellement qui à inventé le premier cette possibilité de coque à plusieurs bouchains. La question en vaut-elle la peine?
Ainsi, Henri Dervin, qui fut l’un des fondateurs de la “Société des Architectes navals”, écrivit au journal Le Yacht le 21 janvier 1928:
Et Joseph Guédon de répondre le 28 janvier 1928:
Pour la petit histoire, voici le canoë de Joseph Guédon. Je vous laisse “méditer”…
Source: Gallica
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